Nous voici depuis six mois sur le confetti mahorais. La saison des pluies s'installe en douceur : grosses averses, orages nocturnes, températures acceptables… Il est vrai que le chalet est bien ventilé, et que sans clim' et avec très peu de ventilateur, une varangue nord est, nous vivons bien notre premier été tropical. Nous quittons l’île aux parfums pour une escapade vers l’hexagone : Nice, Nîmes et Lutèce… pour des partages joyeux avec proches et ami(e)s… Retour sur le confetti mahorais vers le 10 mars. L'hiver tropical approche…
Je glisse, lignes réglisse
le long des flots bleus
ombres/palmiers le long
des ports assoupis
je relis Tes mots savane
colombes du désert
Nous Deux poissons
hors du nid/chalet
Tu souris : lumière de
la varangue au baobab
je relis Tes mots lagon
glissons à l’unisson…
jeanPol
Malou et JeanPaul sont posés, depuis l'été 2010, sur l'île de Mayotte… Nous sommes installés dans un chalet situé à Florence près de Dembéni, au milieu de la végétation tropicale. Depuis ce confetti mahorais et son lagon, nous vous invitons à partager avec nous les lumières de l'Océan Indien…
La Beauté…
"Dans nos ténèbres,
il n'y a pas une place pour la beauté.
Toute la place est pour la beauté."
René Char
Feuillets d'Hypnos
***
"Il ne faut pas jeter les rêves
parce qu'on n'a pas su les raconter,
il faut les façonner
jusqu'à ce qu'ils trouvent les mots
et l'auréole qui leur conviennent."
Gianni Celati
L'almanach du paradis
***
"La beauté n'est pas dans les choses,
elle est en nous
dans notre regard…"
François Cheng
Cinq méditations sur la beauté
dimanche 27 février 2011
samedi 12 février 2011
Port imprévu…
Voici un an, nous étions en Bretagne sud, entre Vannes et Nantes, à Kerkabellec, chez Martine et Martin. Malou, dans le port de Piriac, face au large, ne savait pas encore que six mois après, elle allait s'envoler pour Mayotte…
Une pluie légère de fin d’été. La poussière jaune du soufre s’efface, discrètement, sous l’effet des gouttes rondes. Les feuilles du carré de vigne reverdissent peu à peu. Elle avance sur le chemin de terre. Près d’un cabanon, quelques outils sans âge reposent sur un amas de sarments déjà secs. Je l’ai vue sortir de la maison aux volets blancs. Elle a rangé quelques petits meubles dans le coffre de la voiture rouge, deux ou trois bagages ont comblé les espaces restants. Elle a démarré lentement. J’aime la présence de ce carré de vigne entre nos deux maisons. Elle aussi, m’a-t-elle encore dit hier soir, au couchant.
Regarder le ciel nuit et jour
ne jamais perdre des yeux son étoile…
Je prends la route en pente douce. Un timide arc-en-ciel nimbe la vieille chapelle. Butte témoin d’une époque romane, accent circonflexe sur le pic volcanique. J’ai le sentiment d’abandonner mon voisin et son carré de vigne. Je me souviens de sa voix « Ici, les pèlerins empruntaient le déambulatoire… », il emmenait chaque année le club du troisième âge : chapiteaux polychromes et fromage fermier, les deux points forts du week-end auvergnat à Saint Nectaire. Toujours, le long week-end de Pentecôte. Le « clube », comme il aimait à dire, devra trouver une autre animatrice. Je m’en vais vers l’ouest, la Bretagne m’appelle…
J’écoute la longue histoire
de chaque pierre du chemin…
Bonjour Claire… C’est Jeanne ! J’espère que les fraisiers donnent bien malgré ta terre argileuse. Je viens d’avoir une proposition intéressante. Une petite boîte bretonne. Reliure et diffusion. Envoie-moi une carte du Prado. Tu me raconteras Les Ménines. Salue Marc et les enfants. Je t’embrasse. À plus. Cinq fois, j’ai écouté son message. Bu une gorgée de thé glacé après chaque sifflement du répondeur. Puis j’ai effacé la bande. Suis-je surprise ? Je la connais depuis la fac… Dans le jardin, quelques fraises se risquaient hors des feuilles fatiguées. Jeanne les aurait trouvées ridicules. Elle m’avait donné quelques stolons à l’automne dernier. Tu sais, la fraise n’est qu’un simple porte fruits, avait-elle murmuré en déposant la cagette sur le gravier. Essaie toujours ! Une terre noire mouillait le papier journal autour des mottes. Un mois après, les jeunes plants faisaient toujours la grimace. L’argile de notre terrain peut-être.
Apprendre à cueillir délicatement
la caresse de chaque fruit…
Et voici qu’elle m’annonce son départ vers l’ouest : elle en parlait depuis des années d’aller se poser en Bretagne. Chaque fois que nous l’invitions à dîner, « sa Bretagne » revenait au centre des échanges : je suis amoureuse de cette terre, vous comprenez ! Ce mariage du granit et de l’océan est magnifique ! Et les lumières changeantes, ces nuages en perpétuel voyage, cette odeur d’iode comme un parfum m’irradie tout le corps ! J’ai découvert cette terre magique à vingt ans ! Le coup de foudre ! Valise collée au sol, je ne pouvais plus quitter les clins d’œil du phare de l’île de Groix ! Ce soir là, j’ai su que c’était ma terre… J’attends le bon moment ! C’est tout ! Un jour viendra. Je sais être patiente… Je vous ferai signe !
Je suis un simple voyageur
vêtu d’un peu d’ombre de la nuit…
Je suis arrivée hier soir ! J’ai traversé la moitié de l’hexagone en une douzaine d’heures. Ce que la radio peut bégayer ! Toutes ces paroles vaines ! Le monde va donc si mal que ça ! Et j’ai eu la flemme d’ouvrir une valise pour choisir un CD ! Un peu de jazz dans la nuit m’aurait allégé le temps et l’espace ! L’album The melody at night with you a l’art de me mettre en apesanteur : je peux rouler toute une nuit avec Keith Jarrett en boucle, sans jamais sentir la moindre fatigue. Be my love, du velours, des étoiles entre les oreilles ! Là, assise au bord de l’océan, quelques mouettes, un peu de vent, un léger clapotis et ce parfum d’iode me signalent que je suis à un bout de mon chemin de rêve, face au large…
Guidée par la rumeur des vagues
au pied d’une balise verte, suis-je posée ?
Allo Claire, c’est Jeanne ! Vous n’êtes peut-être pas encore rentrés de votre périple ibérique ! Alors ces Ménines ! Tu nous en as tellement parlé ! Il n’y avait que deux sujets lors de nos belles soirées : Le Musée du Prado avec ses fameuse Ménines et ma Bretagne ! Ce que j’ai pu vous gaver avec les lumières du couchant sur l’océan, le phare d’Eckmül’, l’île d’Ouessant, la pointe du Raz, l’Aber Wrach’, Houat et Hoëdic, la baie d’Audierne, la presqu’île de Crozon, Saint-Thégonnec, les enclos paroissiaux, les landes du Cap Fréhel…
Je ne sais à quelle adresse tu m’as envoyé la carte postale, mais elle ne va pas me retrouver de sitôt… En musardant dans le port cet après midi, j’ai rencontré une équipe de marins… Et demain, je pars sur leur cargo vers l’Océan Indien ! Ils m’ont parlé d’étapes à Zanzibar, Madagascar, Mayotte… Tu connais ?
Je marche sur un chemin qui ne mène à rien,
sauf à des ports imprévus…
jeanPol
Février 2011
samedi 5 février 2011
Une forêt primaire
"… enfoui au cœur des choses
et du temps qui s'écoule
qui donc s'est égaré
sur le chemin sans nom
à la brume bue
au creux du plus haut pic
invisiblement se glisse
un rayon de soleil pâle
ce monde est tel qu'il est
depuis qu'il n'a plus d'âge
pareil au bruissement de l'aube
le rire neuf de l'éveil"
Yves Moatty
Aux rives de l'outre rêves
Fin janvier, alors que la saison des pluies se poursuit, nous avons bénéficié d’un temps idéal pour aller découvrir, avec l’Association Les NATURALISTES, Environnement et Patrimoine de Mayotte, une partie de la forêt primaire, sur les pentes du Mont Mtsapéré (572 m). À l’ouest de Mamoudzou, une route conduit jusqu’à la Maison du Gouverneur construite dans les années 1880. Elle permettait une «convalescence» supportable dans cette zone tropicale aux militaires en poste. De là, nous avons pris une piste dans ce qu’il reste de la forêt primaire à la découverte des bégonias (begonia comorensis), des orchidées (eulophia pulchra), et autres essences… La nature est reine, libre ; seuls les chants des oiseaux et le concert du vent dans les bambous se mêlent aux senteurs sauvages…
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