La Beauté…

"Dans nos ténèbres,
il n'y a pas une place pour la beauté.
Toute la place est pour la beauté."

René Char
Feuillets d'Hypnos

                                             ***

                       "Il ne faut pas jeter les rêves
parce qu'on n'a pas su les raconter,
il faut les façonner
jusqu'à ce qu'ils trouvent les mots
et l'auréole qui leur conviennent."

             Gianni Celati
L'almanach du paradis

                                                         ***


                                             "La beauté n'est pas dans les choses,
                                              elle est en nous
                                             dans notre regard…"

                                                                                   François Cheng
                                                                                    Cinq méditations sur la beauté

jeudi 31 mars 2011

Mayotte : 101e département français




Ce printemps 2011, telle une hirondelle, annonce la naissance du cent unième département de la France. C’est ainsi ! Les Mahorais l’ont voulu et obtenu ; ils ont décidé de rester Français, de se séparer des trois autres îles de l’Union des Comores. Est-ce un bon choix ? L’avenir le dira…
Nous vous proposons deux points de vue :

Celui de Nassuf Djailani (déjà évoqué dans le blog lors du printemps des poètes), journaliste et poète, né en 1981 à Chiconi, sur la côte ouest de Mayotte :

« Aujourd’hui, je me dis que nous y sommes. La départementalisation est pire que le prince charmant, c’est une nouvelle religion. On y entre comme dans quelque de sacré. C’est comme le Beaujolais nouveau, on l’attend, mais on sait qu’on va être déçu.
Je constate juste que les marionnettistes ont réussi leur coup, les Mahorais sont comme des automates : aucune contradiction, aucun questionnement. Il faut peut-être laisser les gens expérimenter ça et aller jusqu’au bout de leurs erreurs. Cette croyance que les institutions, les aides sociale et les charters d’€uros vont apporter un mieux-être, est absurde !
Le rapport avec la France n’est pas très sain. C’est un rapport d’amant à maîtresse, vénal et intéressé. Les gens veulent la départementalisation mais seulement pour toucher les minima sociaux. Savent-ils au moins ce que sont les charges fiscales, les impôts sur le revenu, les taxes foncières ? ».

In MAYOTTE Albalad N° 175 du Vendredi 25 Mars 2011

Celui de Laurent Canavate, Directeur de publication de Mayotte HEBDO, pour qui la départementalisation est « Une super boîte à outils » :

« Il y a pratiquement tout ce qu’un bon ouvrier peut imaginer. Il y a tous les outils nécessaires pour le développement économique, social, culturel. Il y a des outils pour protéger les langues régionales, des outils pour aider les sportifs de haut niveau. Il y a ce qu’il faut pour faire disparaître l’analphabétisme, pour réduire à néant certaines maladies, pour prendre en charge les enfants abandonnés ou en difficulté.
Cette boîte à outils recèle des trésors insoupçonnés pour la promotion de l’essence d’ylang, pour la diffusion au cinéma de films d’auteurs, pour mettre en place des formations de haut niveau à Mayotte…
Tout cela et tant d’autres choses sont faisables… à condition de s’y mettre. (…) Un artisan restant assis à côté de sa boîte à outils ne verra pas la maison se construire. Il peut avoir les meilleurs outils du monde, ils ne lui serviront à rien s’il ne travaille pas, s’il ne sait pas les utiliser (…).»

In Mayotte HEBDO N° 514 du Vendredi 25 mars 2011

jeudi 24 mars 2011

Archipel à venir…

je vous écris comme je peindrais un Archipel perdu je m’approche des baobabs accueillants et touchants leurs bras, leurs mains s’ouvrent avec Amour les oiseaux de couleurs nous guident vers Demain je vous écris comme je peindrais un Archipel vivant je m’approche du lagon immobile et foisonnant les prairies de coraux rêvent à des étoiles disparues les tortues vertes rêvent à des papillons marins je vous écris comme je peindrais un Archipel debout je m’approche de vous immobile et incertain les peurs de l’autre s’effacent devant le rire du vent les craintes de l’inconnu fondent avec vivre Ensemble jeanPol mars 2011 Archipel, un mot qui résonne au cœur de l’Océan Indien : Chagos, Comores, Glorieuses, Kerguelen, Maldives, Mascareignes, Seychelles… La poésie, au-dessus (?), à côté (?) des vanités, est une source de voyages, de découvertes, d'engagement, de résistance, de renaissance… Et nous voici sur les traces de René Char, avec son recueil Poèmes en archipel présent au CDI de l'IFM de Dembéni : Faire un poème, c’est prendre possession d’un au-delà nuptial qui se trouve bien dans cette vie, très attaché à elle, et cependant à proximité des urnes de la mort. Il faut s’établir à l’extérieur de soi, au bord des larmes et dans l’orbite des famines, si nous voulons que quelque chose hors du commun se produise, qui n’était que pour nous. Si l’angoisse qui nous évide abandonnait sa grotte glacée, si l’amante dans notre cœur arrêtait la pluie de fourmis, le Chant reprendrait. René Char Quitter (1959) Poèmes en archipel

vendredi 18 mars 2011

Le Printemps des Poètes à Mayotte (2011)





Îles cicatrices des eaux
Îles évidences de blessures
Îles miettes
Îles informes

Îles mauvais papier déchiré
sur les eaux
Îles tronçon côte à côte fichés
sur l'épée flambée du Soleil

Îles annelées, unique carême belle
Et je te caresse
de mes mains d’océan
Et je te vire de
mes paroles alizées
Et je te lèche
de mes langues d’algues…


Aimé Césaire
Cahier d’un retour au pays natal

Cette année, le Printemps des Poètes propose de faire (re)découvrir la poésie des Outre-mer. « Dévorer la langue française comme si c’était une noix de coco » telle est l’invitation faite par Nassuf Djailani, poète mahorais, aux écoliers de l’île aux parfums. Avec Chantal Dupuy-Dunier (venue de Cronze en Haute-Loire, pour qui la poésie se vit intensément, amoureusement…), il est le parrain du treizième Printemps des Poètes : l’occasion de dire que la poésie est vivante, qu’elle peut être une arme en tant que citoyen, qu’elle permet de se définir dans sa présence au monde…

Sur le confetti de l’Océan Indien, 1500 élèves ont participé au concours de création poétique placé sous le signe de l’Outre-mer : « D’infinis paysages ». Ils sont invités à se faire passeurs de poèmes, à découvrir des textes ultra-marins ou à écrire dans les pas d’Aimé Césaire…

jeudi 10 mars 2011

Mayotte, Nice, Nîmes, Lutèce… Mayotte



Les premiers signes du printemps nous ont accueillis sur l’hexagone : mimosas, amandiers, forsythias, crocus, jonquilles en fleurs.

Puis, à Nice, Firminy, Alès, Nîmes, Paris, nous nous sommes laissés bercés par la chaleur et la joie de nos hôtes, parents, enfants et petits enfants, ami(e)s :
Lola, Stéphane, Georgette, Raymond et Annick, Gislaine et Éric, Alice, Joëlle, Viviane, Marie et Attilio, Joëlle et Jean Marc, Sylvie et Jean, Philémon, Virginie et Jean Lou, Adrien, Pascal et Marthe, Oriana, Arnaud, Matthieu, Gaby et Robert, Léna et Alexis, Maxime, Laure et Julien, Capucine, Anne et Jean Daniel, Sophie et Cyrille, Chantal, Liliane et Marie Hélène…




Nous avons aussi régalé nos papilles avec des saveurs en sommeil depuis notre départ pour l’Océan Indien : brandade de Nîmes, dos de cabillaud en papillotes, épaule d'agneau, confits de canard aux châtaignes, aïoli, buffet de Puteaux, potée de Montreuil, lapin aux champignons et pois gourmands, tarte aux pommes et flan maison, macarons et calissons…

Aujourd’hui, nous regagnons notre chalet florentin sur le confetti mahorais, avec au chaud dans le cœur, la beauté de ces moments partagés. À bientôt…






Façade jaune jonquille
Miss Malou se balance au store
et le vent d'hiver malin
s'amuse dans les ruelles

à la lisière des yeux
entre hier et demain
le charme du clin d'oeil
s'envole comme un parfum


jeanPol