La Beauté…

"Dans nos ténèbres,
il n'y a pas une place pour la beauté.
Toute la place est pour la beauté."

René Char
Feuillets d'Hypnos

                                             ***

                       "Il ne faut pas jeter les rêves
parce qu'on n'a pas su les raconter,
il faut les façonner
jusqu'à ce qu'ils trouvent les mots
et l'auréole qui leur conviennent."

             Gianni Celati
L'almanach du paradis

                                                         ***


                                             "La beauté n'est pas dans les choses,
                                              elle est en nous
                                             dans notre regard…"

                                                                                   François Cheng
                                                                                    Cinq méditations sur la beauté

mardi 18 octobre 2011

Madagascar : Tana… Tuléar… La Nationale 7


Qui n’a jamais fait le voyage Tana/Tulear en descendant la Nationale 7, ne connaît pas vraiment Madagascar ! Sur plus de 1000 km, des hauts plateaux aux bords du Canal du Mozambique, sous le Tropique du Capricorne exactement, nous découvrons des paysages, rencontrons des enfants, beaucoup d’enfants, des hommes et des femmes courageux et dignes, et croisons des troupeaux de zébus, beaucoup de zébus…

En compagnie de Zhou (guide et chauffeur) et de sa Mitsubishi, pendant deux semaines, nous
roulons sur ce ruban de bitume parfois déchiré, sur des pistes poussiéreuses avant de faire halte dans des villages animés, dans des cirques de silence ou des lambeaux de forêt… En effet, la Grande Île (plus grande que la France !), l’Île Verte devient de plus en plus l’Île Rouge ! Cette perle de l’Océan Indien, riche de sa nature et de ses hommes, brûle lentement ! Les pratiques ancestrales du brûlis mangent un peu plus chaque jour les derniers hectares de la forêt primaire.

Deux semaines denses, d’émerveillement, de rencontres, de découvertes… Partis de la
capitale Tananarive (avec ses douze collines sacrées de l’Imerina), nous mettons le cap vers les Hautes Terres, l’épine dorsale de l’île. Ce sont les terres des groupes ethniques Merina et Betsileo mais aussi la région la plus froide de Madagascar : l’hiver austral flirte avec le zéro Celsius ! Très vite, en route vers Antsirabe (à plus de 1400 m d’altitude), Ambositra et Fianarantsoa pour admirer les rizières en terrasse sculpter les collines.

Le riz est la base de la nourriture de la population ; on le retrouve dans les deux plats nationaux : le romazava (bouillon à base de
viande de zébus et de brèdes) et le ravitoto (ragoût de porc mijoté avec des feuilles de manioc pilées)… Et surprise, fraises, carottes, choux sont vendus sur les bords de la route ; tout pousse à cette altitude tropicale : asperges, haricots, petits pois, tomates, abricots, pêches, poires, pommes et vigne… Et nous dégustons un excellent foie gras ! Plusieurs fois ! Et des écrevisses ! Quant au vin local, nous restons sur notre étonnement…

À Fianar, ville carrefour, nous quittons la RN7 pour descendre vers le Sud Est. Deux journées très particulières avec le célèbre
train FCE pour rejoindre Manakara sur la côte Est et le Canal des Pangalanes. 163,5 km en 12 h 15 mn !!! Lever à 5 h 30 pour un départ du train prévu à 7 h qui retrouve sa loco BB 242 de 1956 à 8 h 45 ! Mais quel voyage ! Loin du TGV climatisé et ravageur, nous paressons sur les pentes de théiers, de rizières avant de partager les beignets à la banane, aux brèdes, les nougatines et les bières THB rafraîchissantes… Le lendemain, dès l’aube avec Naëlle et Olivier, nous glissons sur le canal dans une pirogue avec Mosa et son équipage aux avirons… Rencontres avec les pêcheurs sur la plage avant de déguster
poissons et crustacés…

Retour vers les hauts plateaux. Depuis Manakara peuplée en majeur partie de l’ethnie Antemoro, nous rejoignons Ranomafana («eau chaude») et son parc national : grande diversité d’espèces animales (12 espèces de lémuriens) et végétales (des centaines d’espèces d’orchidées). Dans un décor de western, nous quittons la 7 pour 20 km de pistes en direction du massif de l’Andringitra : un monde minéral splendide nous accueille. Deux jours à Camp Catta, au pied de la falaise du Tsaranoro et du Karambony où vivent en liberté des
colonies de lémurs catta. Envie de rester dans cet univers de paix…

Nationale 7… Passage des légendaires portes du Sud et traversée du plateau de Horombe en direction de Ranohira et du Parc d’Isalo : le «Colorado malgache». Belle randonnée avec baignades dans les piscines naturelles et couchants à la Fenêtre de l’Isalo ! La plaine des baobabs et Sakaraha (plaque tournante du trafic de saphir) sont avalées avant de descendre sur Tulear, terminus de la RN7… Et nous avons encore des images et des visages et des lumières à partager… à découvrir dans un blog à venir…

« Ne faites pas de bruit, ne parlez pas :
vont explorer une forêt,
les yeux, le cœur, l’esprit, les songes… »


Jean-Joseph Rabearivelo (1901-1937)
Écrivain malgache

2 commentaires:

  1. Merci de nous faire partager ce beau voyage ! Madagascar m'a depuis toujours fascinée, je n'en démords pas aujourd'hui ! L'envie est d'autant plus grande après la lecture de ce carnet de route touchant et enivrant.
    Mes papilles ont frétillé autant que mes yeux se sont émerveillés ! Manque cependant cruellement les lémuriens !!! :p

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  2. Vos photos sont magnifiques! Elles donnet envie d'aller en vacances :-)


    marie

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